Nom
de code:Sicily
#5.
Auteur:
Massimo Gurciullo.
Casier
judiciaire: illisible
Sur
papier glacé, à la façon d’un magazine glamour, le cinquième
volume de la série dédiée à l’île grandiose, baroque,
follement belle, est un geste pur.
Si
le groupe Provoke
est
identifié au Japon, aujourd’hui c’est un état d’esprit
transfrontalier, qui est belge, portugais, suédois, polonais,
français, italien, sicilien.
Noir
intense, silhouettes tremblées, sensualité, épidermes nus.
Sicily
#5 crie, pleure, exulte de joie.
Gravité,
rire, sentiment d’absurde, errance.
Le
soleil cogne sur les dos exposés, les chevaliers de l’Apocalypse
sont au bord de la ville, on a vu un homme se raser les cheveux.
Jeux
d’enfants, passage d’adultes hiératiques comme dans un film noir
de Takeshi Kitano, photos de pin-up sur le parebrise du camion Scania
du routier abreuvant son monstre de 164 litres de gasoil infect.
Brouillage
de la vision, photos scannées et surscannées, visage d’une louve
affrontant un chien dépenaillé dégouttant de Mer Méditerranée.
Quand
tout n’est plus que surface, simulacre, étendue sans aspérité
(analyse baudrillardienne), restent le jeu avec les apparences, la
vie princière – même, surtout, pour les pauvres -, les
éblouissements.
Sicily
#5 fait
défiler les épiphanies, les visions surprenantes, et le trouble de
bas en dentelle menant à une culotte noire, scènes de vérité
jetées dans l’arène mondiale où les capitaux et les vulgarités
s’affrontent,
Voici
un magazine païen à l’esprit religieux, il est normand, arabe,
aragonais, mozarabe.
De
toutes obédiences, cet opus syncrétique est un chaudron alchimique.
Lumières
dans la nuit, seins de volupté, damier vertical des colonnes
antiques, vêture zébrée.
Lignes
brisées, regards de khôl, poupées de chair.
Des
voitures brûlent, des teufeurs suent, on ne sait plus très bien qui
est qui.
Un
intellectuel à moustache contemple une bacchante, un couple se
baigne en devisant, Christ statufié indique l’horizon.
Sicily
#5 célèbrerait-il
l’anarchie? Bien sûr, puisque rien n’est plus ordonné que le
chaos, et civilisé que le peuple.
Fabien
Ribery